Un groupe de défense soutenu par Facebook a reçu un don de 34 millions de dollars d’un donateur anonyme alors qu’il menait une bataille contre la législation antitrust qui aurait réglementé plus étroitement l’industrie technologique.
Une personne travaillant avec le groupe, American Edge Project, a déclaré à CNBC que les 34 millions de dollars provenaient de Facebook. Cette personne a refusé d’être nommée afin de pouvoir parler librement des finances du groupe.
L’organisation à but non lucratif a levé cette somme colossale il y a près de deux ans, selon les derniers formulaires fiscaux 990 de l’organisation. Les documents reflètent les finances de l’organisation à partir du 1er novembre 2020 et jusqu’au 31 octobre 2021. Il s’agit des documents fiscaux les plus récents mis à la disposition du public et qui ne mentionnent pas les noms des donateurs du groupe.
Un porte-parole de Meta s’est refusé à tout commentaire et a renvoyé la chaîne CNBC vers American Edge.
Doug Kelly, PDG d’American Edge, a déclaré à CNBC que « les menaces qui pèsent sur l’avance technologique de l’Amérique ont un impact profond sur notre sécurité nationale et notre bien-être économique, et nous prenons les devants pour nous assurer que tout le monde en est conscient ».
Les nouveaux documents montrent que le groupe de défense de la technologie a réalisé sa plus grosse collecte de fonds à l’époque où les législateurs bipartisans du Capitole tentaient de s’attaquer aux géants de la technologie, notamment par le biais d’une législation antitrust qui n’a pas été adoptée par le Congrès et d’une audition en mars 2021 à laquelle ont participé des PDG de la technologie tels que Mark Zuckerberg, de Facebook. Facebook a changé de nom pour devenir Meta
à la fin de l’année 2021.
L’American Edge Project a lancé sa première publicité en faveur de l’industrie technologique en 2020. Les précédents formulaires 990 du groupe, de 2019 à fin 2020, montraient qu’il avait recueilli tout son argent grâce à un seul don anonyme de 4 millions de dollars au cours de cette période. Facebook a confirmé en 2020 au Washington Post qu’il contribuait au groupe. La personne qui travaille avec American Edge a déclaré à CNBC que les 4 millions de dollars provenaient également entièrement de Facebook.
American Edge a lancé une vague de publicités télévisées et numériques de fin 2020 à 2021, s’attaquant aux propositions antitrust. Un spot télévisé financé par le groupe suggérait que l’innovation des petites entreprises pourrait être affectée si une telle législation faisait son chemin au Congrès.
En juin 2021, la commission judiciaire de la Chambre des représentants a adopté un ensemble de réformes antitrust radicales dans le domaine de la technologie. Ces mesures proposent de nouvelles règles pour les plus grandes plateformes en ligne, comme l’obligation de permettre aux utilisateurs de transférer facilement leurs données vers d’autres services, le transfert de la charge de la preuve dans les affaires de fusion aux plateformes technologiques dominantes, l’interdiction pour les plateformes d’exploiter des entreprises présentant des conflits d’intérêts et d’avantager leurs propres produits sur les plateformes qu’elles gèrent.
En octobre 2021, le Sénat a présenté une version de l’un des projets de loi, l’American Innovation and Choice Online Act, qui visait à interdire l’autoréférencement sur les services technologiques dominants. Ce projet de loi est sorti de la commission judiciaire du Sénat en janvier 2022.
Pris ensemble, ces projets de loi étaient sur le point de créer un environnement juridique beaucoup plus incertain pour Facebook et ses pairs, notamment en rendant plus difficile l’acquisition d’entreprises susceptibles de contribuer à la croissance de leurs activités.
Facebook a été le principal donateur d’un groupe qui a combattu les réformes antitrust en 2020 et 2021 https://t.co/5rlZSswvUr
– CNBC (@CNBC) 1er mai 2023
La quasi-totalité de ces projets de loi n’ont pas été votés par la Chambre des représentants ou le Sénat, car les grandes entreprises technologiques et leurs groupes industriels s’y sont opposés, affirmant qu’ils imposeraient des restrictions injustes et auraient des conséquences négatives pour les consommateurs. Par exemple, la Chamber of Progress, soutenue par Apple, Amazon, Google et Meta, a averti que le projet de loi du Sénat modifierait considérablement les offres d’Amazon Prime, comme l’expédition en deux jours, et qu’il serait plus difficile de proposer des produits de base à bas prix de sa marque de première partie, de peur d’être accusé d’autoréférencement illégal.
American Edge a dépensé plus de 5 millions de dollars en publicités télévisées et numériques en 2021, selon les données d’AdImpact. Il a dépensé plus de 10 millions de dollars en publicités télévisées l’année dernière, selon AdImpact. Le groupe a entamé l’année 2022 avec plus de 13 millions de dollars d’actifs nets, selon ses formulaires 990.
Le don de 34 millions de dollars est également intervenu alors qu’American Edge a annoncé qu’il ajoutait l’ancien représentant Greg Walden, R-Ore, et l’ancien sénateur Heidi Heitkamp, D-N.D., en tant que coprésidents du conseil consultatif pour « diriger les efforts de la coalition sur l’ouverture de l’internet, l’accessibilité et la liberté d’expression », d’après le communiqué de presse. M. Walden figure toujours sur le site web du groupe en tant que responsable d’un comité consultatif, tandis que Mme Heitkamp n’y figure plus.
Selon un rapport publié en 2022 par l’organisme de surveillance Tech Transparency Project, Facebook n’est pas seulement un « contributeur » d’American Edge, comme l’a confirmé l’entreprise au Washington Post, mais potentiellement son « unique bailleur de fonds ». Le Tech Transparency Project reçoit des fonds de l’Open Society Foundations, soutenue par George Soros, de Craig Newmark Philanthropies, de la Bohemian Foundation et du réseau Omidyar, selon son site web.
Le site web d’American Edge mentionne Facebook comme membre de sa coalition de soutien. Parmi les autres membres figurent Bear Hill Advisors, le Center for Individual Freedom, NetChoice, le Connected Commerce Council, la National Black Chamber of Commerce et la National Small Business Association.
Facebook lui-même a dépensé plus de 58 millions de dollars depuis le début de l’année 2020 pour des activités de lobbying au niveau fédéral, selon les données compilées par l’organisation non partisane OpenSecrets.
Outre le don de 34 millions de dollars, la seule autre contribution figurant sur la déclaration d’impôt était un autre don anonyme – de 25 000 dollars. Cette contribution de plusieurs millions de dollars a permis à American Edge de dépenser un peu plus de 19 millions de dollars pour ce que les formulaires qualifient de placement média et de services stratégiques.
Les formulaires 990, signés et déposés par le groupe en 2022, montrent également que de puissantes sociétés de conseil travaillant pour American Edge ont reçu plus de 3 millions de dollars au total de la part de l’organisation. Cavalry LLC, un cabinet fondé par d’anciens stratèges du chef de la minorité du Sénat Mitch McConnell, R-Ky, a reçu 1,1 million de dollars d’American Edge de novembre 2020 à octobre 2021. Le Washington Post a rapporté que John Ashbrook, associé fondateur de Cavalry et ancien conseiller de McConnell, aide à guider le groupe.
Global Strategy Group, un cabinet de conseil politique et d’entreprise fondé par trois stratèges démocrates, a reçu 910 000 dollars d’American Edge au cours de la même période. GSG a l’habitude de travailler avec les grandes entreprises technologiques. Amazon a déjà employé le groupe alors que l’entreprise luttait contre les efforts de syndicalisation. Amazon elle-même a fait des dons à un groupe similaire alors que cette organisation à but non lucratif s’occupait de la législation liée à la technologie.
Le Washington Post a rapporté que Jim Papa, un partenaire du Global Strategy Group qui a été un conseiller de l’ancien président Barack Obama, aidait également l’organisation. Papa indique sur sa page de profil GSG que parmi ses clients actuels et anciens se trouve FWD.us, une autre organisation à but non lucratif 501(c)(4) cofondée par Zuckerberg et qui fait activement pression sur les questions liées à l’immigration.
Un représentant de GSG n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
